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Synode 2018 : Intervention de Mgr Lionel Gendron, PSS

Publié le : 2018-10-18 a 00h00 | Catégorie : Activités des évêques

Crédit photo: AÉCQ

La XVe assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur le thème
Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel

Mgr. Lionel Gendron, P.S.S., évêque de Saint-Jean-Longueuil
Président de la Conférence des Evêques Catholiques du Canada


Le respect de la liberté spirituelle
(Instrumentum laboris # 130)


« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Cette question de François d’Assise habite le coeur des jeunes. Ils désirent connaître la volonté du Seigneur car ils croient que « Dieu aime chacun et il adresse à chacun personnellement un appel » (#109). Pour ce discernement, ils ont besoin d’accompagnement.

Mon intervention considère « Les qualités de ceux qui accompagnent » et l’écueil qui consiste à « prendre la place de l’accompagné dans la recherche et la responsabilité de ses décisions » (#130). Mon expérience sulpicienne auprès de grands séminaires au Canada, au Japon, en Colombie et au Brésil a motivé ce choix.

Voyons donc quelques-unes des exigences pour les personnes accompagnatrices.

De par sa nature même, l’accompagnement spirituel établit une relation entre l’accompagné et l’accompagnant qui, pour être authentique, ne se limite pas à un dialogue mais doit faire place à un troisième, Dieu. En créant l’être humain, « seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (GS 24), le Père appelle chacun-chacune à devenir « la personne » singulière qui s’engage pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Commentant l’expression de Vatican II « chacun dans sa route » (LG 12), le Pape François réaffirme que toute personne est appelée à prendre une route spécifique : « Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) » (Gaudete et Exsultate 11). Première exigence : discerner l’appel du Seigneur.

L’accompagnement spirituel s’actualise par le Christ et dans l’Esprit. Le Christ, « seul maître » (Mt 23, 10), amorce chez les jeunes la formation de « l’homme intérieur » jusqu’à « l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude » (Ep 4, 13). Son Esprit oeuvre par des motions, dans les personnes et les événements et aussi dans l’accompagnement. Dieu agit dans ce qui fait qu’une personne est elle-même et non une autre, dans son humanité mêlée d’esprit et de chair, dans son psychisme avec ses grandeurs et ses misères. En favorisant l’humain, chrétien et spirituel, l’accompagnement permet aux jeunes l’accès à une liberté telle qu’ils orientent leur propre vie et prennent la décision adulte d’un engagement vers une plénitude de sens et de joie (cf. Ep 3, 16 et 4, 7). Deuxième exigence : respecter le discernement et la décision des jeunes.

Le rôle des personnes accompagnatrices en est un d’effacement car elles n’ont pas à recréer chez les jeunes des êtres à leur image et ressemblance. Leur mission, c’est d’aider, faciliter et accompagner. Elles réalisent vite d’ailleurs qu’elles ne sont que témoins de ce qui se passe en dehors d’elles, sous l’influence de l’Esprit, de personnes et d’événements qui ne dépendent en rien d’elles. Leur rôle demeure pourtant nécessaire car elles sont médiatrices d’un accompagnement fait au nom de Dieu et de l’Église dans la discrétion absolue et le respect du « for interne » des jeunes. Elles doivent les inciter à accueillir leur projet de vocation comme un don et une mission de la part du Christ et de l’Église. Contribuant au discernement de ce que le Seigneur veut, les personnes accompagnatrices prennent conscience que l’Esprit Saint est l’unique et seul accompagnateur : de même qu’Il a conduit Jésus, l’Esprit conduit aujourd’hui les jeunes sur « le Chemin » (Jn 14, 6) où le Père les attire. Troisième exigence : l’effacement !
Que conclure ? Les personnes qui accompagnent le discernement des jeunes, sont conviées, à la façon de l’ami de l’époux (cf. Jn 3, 29), à se tenir là, à entendre la voix de l’époux et à être ravies de joie dans l’action de grâce !

Recommandation : veiller au choix et à la formation des personnes accompagnatrices afin que toujours soit respectée la liberté spirituelle des jeunes.